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La Jeune Fille nage, tombe et vole
Estampe
Sur un fond blanc et bleu, prennent place de multiples saynètes au cœur de l’image : un petit personnage au chapon melon vert dormant devant des montagnes, un petit personnage au chapon melon jouant de la flûte, deux petits personnages au chapon melon confectionnant un gri-gri, un petit personnage au chapon melon tenant un bébé jaune, une oie et ses deux petits ou encore une jeune fille embrassant une oie. Les couleurs sont vives et de nombreux détails végétaux parsèment l’œuvre. La perspective est absente et le sens de lecture multiple. Ainsi, en regardant la jeune fille, la jeune fille nage, tombe et vole selon le point de vue.
Dans ses images où croît une végétation luxuriante, des animaux se cachent ou gambadent, des enfants aux visages impénétrables jouent à des jeux interdits, observent et rêvent. Ces évocations teintées de nuances équivoques, troublantes, fascinantes, invitent le lecteur à inventer son propre récit. Car il s’agit avant tout d’explorer des mondes oniriques qui, sans être complètement inquiétants, ne cessent jamais de faire naître en nous un sentiment d’une étrangeté curieusement attrayante. Amandine Meyer a conçu, dans la continuité de son travail, une image pouvant s’accrocher et donc se lire dans tous les sens, une sorte de palindrome visuel, afin de déclencher, dès la réception, un échange et un début de narration avec son « lecteur ». À la manière des devinettes d’Épinal, où il s’agit de retrouver un objet ou un personnage dissimulé, le regardeur est incité à découvrir au plus près du tableau des scènes polysémiques, à scruter des détails et à en dénicher les sens cachés… Nul doute que cette proximité fait naître, pour l’artiste, une signification plus profonde, jusqu’à proposer « un cinquième sens [de lecture], une pénétration dans la troisième dimension », une nouvelle entrée dans La jeune fille nage, tombe et vole. L’œuvre a été réalisée en collaboration avec Séverine Bascouert à L’Institut sérigraphique de Paris. L’œuvre s’inscrit dans le cadre de « BD 2020, l’année de la bande dessinée », initiative du ministère de la Culture, le Centre national des arts plastiques (Cnap), en partenariat avec l’Association de développement et de recherche sur les artothèques (ADRA) et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image. (Source : Pili Munoz, Livret de l’exposition Emanata* œuvres d’art imprimé, 2021).